En se faisant élire avec une confortable avance, et nonobstant des irrégularités qui d’après le Conseil constitutionnel n’étaient ni de nature à invalider le résultat ni à inverser la tendance, Paul Biya, âgé de 85 ans dont 36 passés au pouvoir, décroche un septième mandat à la tête du pays.
Pour triomphe, Paul Biya, candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) dont il est le président national, a gagné dans neuf des dix régions du pays, en brandissant son slogan de campagne : « la Force de l’expérience».
Au final, l’élection présidentielle s’est globalement bien déroulée, même si l’on a note des irrégularités çà et là. Le taux de participation était de 65, 82% selon le Conseil constitutionnel.
Toutefois, dans les régions anglophones en proie à des violences séparatistes, il n’y a presque pas eu élection, selon plusieurs témoignages.
Dans le Nord-ouest, le taux de participation n’a pas dépassé 5 %, alors que dans le Sud-ouest, il est estimé à 15 % d’après les chiffres d’Elections Cameroon (ELECAM), la structure en charge de l’organisation et de la gestion du processus électoral.
Cette situation a amené des candidats de l’opposition, notamment le Social democratic front (SDF) et le Mouvement de renaissance du Cameroun (MRC), à déposer devant le Conseil constitutionnel des recours en annulation partielle ou totale des élections
Le président réélu qui a placé son septennat sous le signe des «grandes opportunités» lors de sa prestation de serment le 6 novembre 2018 à l’Assemblée nationale, a de grands défis à relever.
En plus de ramener la paix et la sécurité dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest en butte à des revendications séparatistes, mais également la sécurité dans la région de l’Extrême-nord qui fait face aux attaques de la secte terroriste Boko Haram, le pouvoir devra gérer une inflation galopante à travers le pays.
Cinquante-huit ans après l’indépendance du pays le 1er janvier 1960, le Cameroun n’a connu que deux chefs d’Etat : Ahmadou Ahidjo de 1960-1982 et Paul Biya depuis le 6 novembre 1982. Ce dernier succédant au premier suite à sa démission, dont il était le successeur constitutionnel.
Depuis cette date, Biya a toujours été réélu au terme de scrutins plus ou moins transparents. Du coup, il a écarté toute alternance à la tête du pays.